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  • : Sur cette planète, tous les chemins qui mènent à l'Art nous passionnent. Nous vous proposons de découvrir, à travers ce collectif, nos créations modestes mais ambitieuses, nos sources d'inspiration, nos engagements responsables, nos réflexions sociétales. De l'Art contemporain à l'Artisanat en passant par l'Art de vivre, nous souhaitons votre participation à cet espace de liberté, de partage et de création sous toutes ses formes. "Créer, c'est résister. Résister, c'est créer." S.Hessel
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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 18:30

contes-curieux.jpg

 

 

contes-curieux-des-4-coins-du-monde.jpg Praline Gay-Para, conteuse et traductrice qui nous a fait voyager en Palestine avec les contes "Le Pet des riches et le Pet des pauvres" et "Hassan le rusé", nous emporte aujourd'hui sur le continent africain avec "La chair de la langue", conte swahili. Pour les aventuriers, il est possible de poursuivre le voyage ailleurs, avec l'ensemble des contes qu'elle a traduits pour cet autre recueil, toujours édité chez Babel: "Contes Curieux des quatre coins du monde".

Je remercie Anaïs pour la découverte de ce recueil tout aussi riche en découvertes et en plaisirs que le premier.

Pour les curieux, et je sais qu'il sont nombreux, il faut savoir que le Swahili - on parle aussi de langues swahilies -  est issu d'un métissage et d'un mélange de langues d'Afrique de l'Est, de langues arabes et persanes.

Je vous propose aujourd'hui l'histoire de "La chair de la langue", qui ouvre le recueil, invitation charmante à la découverte de la poésie que le conte sait transporter, du plaisir qu'il procure, du partage qu'il distille:

 

Emelyne.

 

Il y avait autrefois un roi riche et puissant et une reine ; une reine qui était maigre, pâle et triste. Elle n'avait aucun appétit ni pour la nourriture, ni pour la vie. Le roi observait sa reine et ne savait pas comment lui redonner les rondeurs qu'elle avait eues, quelques années auparavant. Un jour, le roi regarde par la fenêtre de son palais, quand il voit passer dans son jardin une femme qui respire la santé, une femme bien ronde et bien plantée, une femme au corps généreux et au regard radieux. C'est la femme du jardinier! Il est abasourdi. Sa femme à lui a tout ce dont elle peut rêver, tout ce qu'une femme peut souhaiter et elle est maigre comme un clou rouillé. Le jardinier, lui, n'a pas de quoi se nourrir tous les jours et il a une femme qui a des formes d'abondance...

Le roi sort de chez lui et va trouver le jardinier:

-Ta femme est resplendissante, la mienne est souffrante, dis moi de quoi tu la nourris.

-Moi, répond le jardiner, je nourris tous les jours ma femme avec la chair de la langue.

-C'est tout?

-Oui, c'est tout!

Le roi rentre précipitamment chez lui et va trouver son cuisinier:

-Tu vas me préparer un banquet avec des langues de toutes sortes, assaisonnées de toutes les manières possibles. Je veux une palette de saveurs qui soit digne des palais les plus exigeants!

Le lendemain, les tables sont recouvertes de toutes sortes de plats avec des langues de boeuf, de veau, des langues de mouton, de lapin, d'alouette, de moineau et d'aigrette. Des langues grillées, mijotées, rôties, farcies, bouillies et puis toutes sortes de sauces avec des épices du monde entier. Le roi va chercher la reine et l'accompagne, fier de lui, jusque dans la salle à manger. Il l'invite à se servir. La malheureuse voit toutes les langues baigner dans des jus aux couleurs étranges, elle a mal au coeur. Elle regagne immédiatement sa chambre. Le roi est dépité.

Il va de nouveau trouver son jardinier et lui dit:

-Tu vas prendre ma femme chez toi pendant six mois et la tienne viendra vivre au palais!

Les désirs des rois sont des ordres. Dès le lendemain matin, l'échange est fait.

Il en faut du temps dans la vie...

Dans les contes, il suffit de deux mots.

Voilà six mois qui viennent de s'écouler.

La reine revient au palais resplendissante. Elle est toute ronde et elle rit à la vie. La femme du jardinier, quant à elle, a dépéri. Elle est maigre et grise, son regard est éteint et son visage ne sait plus sourire. Le roi, qui ne comprend plus rien, demande aux femmes de lui expliquer.

-Quand mon mari rentre le soir, dit la femme du jardiner, il est de bonne humeur. Qu'il ait de quoi acheter à manger ou pas, il me raconte sa journée; les fleurs qui ont éclos, les arbustes qui ont poussé, les fruits qui se sont épanouis, la pleine lune dans la nuit. Quand il a fini, il joue de la musique et il chante, puis il me raconte des histoires, me récite de la poésie, et les soirées avec lui prennent la saveur d'un paradis.

Oui, renchérit la reine. Il a toujours une belle histoire ou une parole douce à offrir et cela embellit la vie. Il donne le meilleur de lui -même, la chair de la langue!

Nul ne sait si le roi a vraiment compris.

Certains disent que ce jour-là, les deux femmes ont choisi de vivre avec le jardinier.

D'autres, plus optimistes, racontent que le roi s'est mis à raconter de beaux récits... et que sa reine a vécu le restant de ses jours très épanouie.

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 10:29

 centrale-nucleaire.jpg

 

 

 

MOMIE--93.jpgIl était une fois, dans le sous-sol de notre beau pays du Limousin (entre autres), un roi des profondeurs nommé Uranium.

Ce roi était très fort, son pouvoir était immense, il pouvait commander à la lumière et générer une énergie considérable.

Un jour, deux fées, Areva et Cogema, cousines germaines, versées dans l’art de faire des affaires, décidèrent d’exploiter les formidables ressources du roi Uranium.

Elles l’enlevèrent des profondeurs de la terre, le séquestrèrent, l’exploitèrent et devinrent immensément influentes au pays du nucléaire.

Elles firent des profits considérables.

Bienfaitrices auprès de l’état, respectées par la justice, elles étaient intouchables, elles allèrent jusqu’à nommer, par souci d’équité, les responsables des organismes d’état chargés du contrôle de leurs exploitations.

Pour marquer leur bonne foi, et afin de prouver qu’il n’y avait aucun danger, elles placèrent des bornes de mesure de l’activité radioactive sur leurs anciens sites d’exploitation reconvertis en zone pavillonnaire, aux endroits stratégiques où l’activité radioactive, curieusement, était moindre.

Le roi Uranium, séquestré par les deux fées, fut dépouillé de ses attributs les plus intéressants dont le Yellowcake  et ses enfants qui s’appelaient Radon, Radium 226,  boues… furent bannis du royaume et exilés dans nos campagnes.

Les pierres mortes (les stériles), jadis trône d’Uranium, d’où ne cesse de naître son fils Radon (un traître invisible qui rampe au raz du sol), furent gracieusement offertes ou vendues à bas prix, afin de servir de remblais, aux constructions individuelles et aux routes.

Les anciens sites d’exploitation du roi Uranium furent reconvertis en parc paysagers forts attrayants et particulièrement radioactifs, pour le plus grand bonheur de la collectivité.

Les boues, filles d’Uranium, furent concentrées à ciel ouvert dans des sites où chacun peut se promener librement en profitant des ouvertures de la clôture livrée à la végétation et où les pluies se chargent de leurs bienfaits.

Ainsi, les enfants terribles d’Uranium réussirent à batifoler dans les eaux de la belle ville de Limoges.

Bref, la famille du roi Uranium fut désormais omniprésente dans toute la région limousine.

Il faut savoir que les enfants d’Uranium sont des enfants hyper actifs, et que leur durée de vie est considérable, elle se chiffre en milliards d’années.

Ils engendrent une descendance redoutable : cancer de la gorge, du rein, du poumon, etc.

Voilà de bien terribles fées, petits-enfants du Limousin, qui se sont penchées sur votre berceau pour vous donner des maladies en cadeau.

Mais, petits-enfants du Limousin, le saviez-vous ? D’autres enfants, loin, très loin, au Niger, profitent aussi aujourd’hui des vœux de nos deux bonnes fées.

Et comme ils travaillent dans les mines, qu'ils respirent librement les poussières radioactives, ils s’étiolent avant de grandir et disparaissent, dans l’indifférence générale.

Le monde est fou, petits-enfants ?

Sans doute, on sacrifie tout au nouveau dieu : Profit.

Elle est terrible la bombe à retardement que nous vous laisserons en héritage !

 

Et, il est terrible le sentiment d'impuissance et de colère qui  anime ceux, qui rêvant de vous laisser un monde meilleur, vous offrent la mort en cadeau. 

 

 

                                                                                                                    Adamante

 

Suite à l’émission « pièces à conviction » de France 3 - Uranium : le scandale de la France contaminée.

 

 

 

Première contribution à notre petit édifice, merci à Adamante pour sa pierre. Vous pouvez la retrouver, elle et son univers poétique fait d'Haïkus, de textes et de photos sur son blog personnel : 

http://www.adamante-images-et-reves.com/

 

 

 

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 19:27

Contes-Palestinien.jpg

 

 

Ils peuvent être merveilleux, facétieux, de ritournelle - le joli mot! - ou encore licencieux. Ils s'adressent aux enfants, aux adultes, sont thérapeutiques - parfois, pédagogiques - toujours, ils émerveillent, effraient, mettent en garde, qu'ils soient de Grimm, de Perrault ou d'ailleurs, vous l'avez compris, il s'agit du conte. Des contes. Aujourd'hui nous retournons en Palestine, toujours avec une sélection et traduction de la conteuse et auteure Praline Gay-Para (recueil édité chez Babel "Contes Populaires de Palestine") voici l'histoire du Pet des riches et du Pet des pauvres:

 

                                                                                                                                                Emelyne.

 

 

Contes-populaires-palestiniens.jpgC'est l'histoire de deux soeurs qui avaient épousé deux frères. Le premier était riche, très très riche et le deuxième était vraiment très pauvre.

Un jour, la femme de l'homme pauvre, enceinte, va chez sa soeur. Elle la trouve en train de préparer des feuilles de chou farcies de viande et de riz. Toute à sa préparation, celle-ci voit sa soeur s'asseoir sur le seuil de la porte, elle ne prend même pas la peine de l'inviter à entrer ou à s'asseoir sur une chaise. Le chou farci est mis à cuire et le fumet de la cuisine met la femme enceinte dans un appétit féroce. Elle ressent une envie violente ; elle se contenterait d'une seule feuille, même crue, mais elle n'ose pas demander. 

Quand le repas est prêt, la femme du frère pauvre n'y tient plus. Elle se lève pour rentrer chez elle, en espérant qu'au dernier instant sa soeur la retiendra à manger. Rien à faire, elle rentre donc chez elle et dit à son mari:

- Achetons du chou. Je préparerai du chou farci et nous inviterons le vizir à manger avec nous.

Une semaine plus tard, le frère pauvre a réussi à mettre un peu d'argent de côté. Il achète un kilo et demi de riz, un kilo et demi de viande et un gros chou. Sa femme qui rêve de chou farci depuis une semaine se met avec entrain à préparer le repas. Tout est prêt, la maison fleure bon le chou farci, la femme et son mari n'attendent plus que le vizir. Pour patienter et n'y tenant plus, la femme mange quelques choux. Le vizir arrive enfin, ils s'installent confortablement et alors qu'elle les sert, la femme, sans même le sentir venir et sans pouvoir se retenir lâche un pet. Rouge de honte, elle murmure entre ses dents " Devant le vizir en personne! Que la terre s'ouvre et m'engloutisse!"

Il ne faut jamais dire des choses pareilles! La terre s'ouvre et l'engloutit. Elle se retrouve sous terre dans une rue au milieu d'un marché, avec des boutiques, des maisons blanches et des tas d'habitants. La femme fait le tour de la ville et demande aux passants qu'elle rencontre:

- Où est passé mon pet? Vous n'avez pas vu mon pet?

Les passants, étonnés et curieux, forment maintenant une foule autour de la femme qui raconte son histoire et décident de l'aider à le retrouver. La police même se met à la recherche du pet. Finalement, le pet en personne finit par se présenter:

- C'est moi! Je suis le pet, me voici!

Il est attablé et boit un thé. Il est beau et jeune, vêtu comme un notable et rasé de près.

Les habitant l'encerclent et lui disent:

- Comment as-tu osé faire une chose pareille à cette femme? Tu l'as couverte de honte, devant le vizir en personne!

- Je suis navré! J'ai bien essayé de ne pas sortir, mais j'étais trop à l'étroit dedans, il fallait que je respire!

Le pet est désolé, il s'excuse mais cela ne suffit pas et les habitants exigent que la femme soit dédommagée. Le pet accepte, avec joie, il est navré d'avoir causé tant de tort à la femme. Il lui promet que désormais, chaque fois qu'elle ouvrira la bouche, des bijoux et de l'or en sortiront et qu'elle sera riche en peu de temps. La femme demande à la terre de s'ouvrir et de la laisser sortir et la voilà à nouveau dans son salon, près de son mari inquiet qui lui demande où elle était passée. La femme raconte et à peine a-t-elle terminé son histoire que le sol du salon est recouvert d'or et de pierres précieuses. Comme c'est une femme très bavarde, ils deviennent rapidement très riche. Toute la ville chuchote, toute la ville en parle.

Quelques jours plus tard, sa soeur pense à elle. Elle racle le fond de sa marmite, récupère des restes de chou farci et se met en route pour lui rendre visite. Lorsqu'elle arrive devant la petite maison, elle frappe mais personne ne répond. Un voisin lui explique que sa soeur a déménagé. Curieuse et étonnée, elle se met en route dans la direction qu'il lui indique. Lorsqu'elle arrive devant l'immense demeure de sa soeur elle n'en croit pas ses yeux. Elle est abasourdie par tant de richesses. Sa soeur la reçoit, refuse ses choux moisis et lui propose en revanche de choisir tout ce qui lui fait envie dans ses cuisines. Toujours abasourdie, la soeur lui demande comment elle a pu devenir si riche en si peu de temps. Elle lui raconte alors toute son histoire.

De retour chez elle, la soeur prépare des choux farcis, en mange quelques uns et demande à son mari d'inviter le vizir. Le vizir arrive et se demande bien pourquoi on lui sert toujours le même plat. La femme sert et se concentre. Elle pousse, rien ne veut sortir, elle insiste et finit par lacher un tout petit pet de rien du tout. Elle dit: "Devant le vizir en personne! Que la terre s'ouvre en m'engloutisse!"

Elle est sous terre maintenant, dans une ville obscure et mal éclairée. Elle croise des passants et leur demande:

- Je cherche mon pet! Vous n'auriez pas vu mon pet?

Elle raconte son histoire et les habitants décident de l'aider à chercher son pet. Finalement, une voix s'élève, au fond d'une vieille bergerie:

- C'est moi, je suis le pet que vous cherchez.

C'est un vieil homme tout ratatiné, sale, la peau sur les os, enveloppé dans une couverture humide et tremblant de froid. Les habitants lui demandent des comptes:

- Pourquoi as-tu humilié cette femme devant le vizir?

Le pet se défend:

- Je n'ai rien fait! J'étais bien au chaud dans son ventre, je dormais, lorsqu'elle a poussé et m'a jeté dehors comme un malpropre dans le froid et la pluie!

Les habitants insistent:

- Tu l'as humiliée, tu dois la dédomager!

Le pet est furieux et répond:

- Qu'elle aille au diable! Voilà sa compensation: chaque fois qu'elle dira une parole, un serpent ou un scorpion sortira de sa bouche pour la piquer!

La femme n'a pas besoin d'en entendre davantage et demande à la terre de s'ouvrir pour la laisser sortir. De retour dans son salon, son mari inquiet l'interroge et à peine a-t-elle ouvert la bouche qu'un serpent sort et la pique. Elle meurt immédiatement.

L'histoire dit que son mari a épousé une autre femme.

 

 

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 12:38

sud-afrika_raquel-140.jpg


 


La transmission orale des traditions et des légendes est très importante chez les Peuls. Enseignée auprès des adolescents par les personnes les plus âgées et en particulier les femmes au travers de chants, de contines. La langue est encore essentiellement orale et transmise par les femmes. Elles véhiculent l'histoire du peuple, ses exploits, ses rites et ses vertus. Voici un conte issu de cet héritage.

 

                                                                                                                                Nanny

 

____________________

 

Au cœur de la forêt régnait un Roi despote appelé Hediala (onomatopée peule exprimant l'angoisse).
Chaque matin, la malignité de ce Roi produisait de quoi faire bouillir d'angoisse la cervelle de ses sujets.
Ses conseillers avaient beau faire, Hediala, têtu comme une mule, avait décidé une fois pour toute de torturer tous ceux qui faisaient parler d'eux. Sourcils toujours froncés, il ne levait le bras que pour frapper, n'ouvrait la bouche que pour insulter. Il demandait aux uns d'avaler des flammes, aux autres de lécher un couteau tranchant, et Dieu sait quoi encore !


Or, dans la région, vivait un homme réputé pour connaître beaucoup de choses. Chacun ventait sa grande sagesse.
Il n'en fallait pas plus pour que Hediala veuille le tracasser; Aussi le manda-t-il auprès de lui.
Le jour de la rencontre, la foule nombreuse s'assembla, chacun tenant à assister à ce qui allait se passer.
- "Il m'est revenu, dit le Roi, que tu te piques de tout connaître ?"
- "Seigneur, répondit le sage, je n'ai jamais prétendu à la connaissance totale. Je ne connais que ce que je sais. Et ce que je sais n'est qu'une goutte d'eau alors que ce que je ne sais pas est un océan immense."
- "Ah ! Ah ! tu ne sais donc rien et cependant tu fais le gros dos au milieu de tes prétendus élèves ! Eh bien, tu vas devoir faire un plongeon dans la petite goutte de ton savoir pour y trouver la réponse à cette question: quand on laisse tomber un pilon dans un mortier vide, le bruit qui en résulte vient-il du mortier ou du pilon ? Réfléchis bien et réponds, sinon, je te ferai pendre immédiatement !"
- le sage garda un moment le silence, puis il dit: "le bruit vient des deux"
- "mais dans quelle proportion d'intensité ?" Demanda encore le Roi.
Le sage, ne sachant quoi répondre, resta interdit.
Hédiala reprit: Dépêchons-nous, fameux sage dont la connaissance se situe en deçà d'un mortier et d'un pilon !"

A ce moment, un fou écarta la foule et s'avança vers Hediala.
" Ô Roi ! s'écria-t-il. Aucun homme n'ayant jamais été frappé de commotion cérébrale ne poserait pareille question, et pour y répondre, il faut avoir l'esprit fêlé. Aussi, est-ce moi qui vais te donner satisfaction."
Et, levant le bras, il assena au Roi une gifle si sonore que chacun l'entendit dans tout le village.
Puis, il éclata de rire et dit:
" Eh bien, Ô Roi ! Est-ce de ma main ou de ta joue qu'est sorti le bruit…..et dans quelle proportion ?"

Moralité: il faut souvent un fou pour instruire un despote.

 

                                    Conte rapporté par Amadou Hampâté Bâ,

                                                      dans "Contes des sages d'Afrique" des éditions Seuil.

 

 

                                                                                     Précédent >>

 

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 11:51

 bannierehyperborée

 

Les civilisations au cours de leur ontogenèse, leur évolution propre, ont développé des systèmes d'explication et de justification du monde, de l'univers. Ils l'ont fait, entre autres, en déployant puissamment la sphère du sacré. Certaines ont créé et projeté au dessus d'elles-mêmes des divinités ( Afrique, Islam, Inde, Israël, Occident, Amérinde ) d'autres un champ sacré sans divinités ( Chine,  l'animisme pour le Japon et l'Afrique ).

Ici dans le cas de l'Occident, nous allons nous attarder sur une divinité : Phoebos Apollon. Il est avec son demi frère Dyonisos, le deux fois né, un symbole culminant de la grécité. Il est le dieu le plus complexe du panthéon grec. Essayons de recueillir et expliciter quelques uns de ses attributs les plus distinctifs.

 

Dionysos

 

 

1 . Le dieu de la divination.

Phoebos Apollon connaît toute chose,  le passé, le présent et le futur. Ce qui retient  l'attention dans cet attribut est qu'il élève au niveau du divin l'héroïsme logique des grecs, qui ont placé la connaissance comme valeur suprême de l'existence, faisant preuve sur ces chemins d'une intelligence inouïe et, par quelques aspects, effrayante. Le dieu par la bouche de la pythie en délire dans son temple à Delphes transmet le savoir aux mortels, le peuple du pays de Grèce. Plus qu'une communication, c'est un défi mortel lancé à l'intelligence des hommes. Phoebos Apollon inspire aussi la mania sacrée à celui que le dieu saisit et marque le front de son sceau. Alors l'initié voit le monde par l'oeil divin du dieu tout proche. Il est l'hyperboréen extatique, parcourant le monde, dispensant sa présence divine.

 

2. Le dieu terrible

"De l'arc et de la lyre le nom est vie, l'oeuvre la mort" Héraclite

Phoebos Apollon est aussi un dieu terrible, comme l'indique son étymologie : " celui qui détruit totalement", "celui qui anéantit totalement". Certains aspects de sa divinité inspirent la terreur. Ainsi quand il entre retentissant, pour la première fois, dans l'Olympe, tous les dieux se lèvent effrayés , saisis par sa splendeur. Contrairement à Arès, dieu de la guerre, de la violence physique et du carnage et Pallas Athéna, déesse de la victoire, Phoebos Apollon est le dieu de la violence différée, détournée. Il est présenté comme "celui qui agit de loin", " celui qui frappe de loin". Il porte l'arc d'argent et décoche la flèche la plus mortelle de la vie, le Logos, la violence réfléchie, réflexive. Ainsi est il présenté au début de l'Illiade d'Homère.

"Il dit; Pheobos Apollon entend sa prière, et il descend des cimes de l'Olympe, le coeur en courroux, ayant à l'épaule, avec l'arc, le carquois aux deux bouts bien clos; et les flèches sonnent sur l'épaule du dieu courroucé, au moment où il s'ébranle et s'en va, pareil à la nuit. Il vient se poster à l'écart des nefs, puis lâche son trait. Un son terrible jaillit de l'arc d'argent. Il s'en prend aux mulets d'abord, ainsi qu'aux chiens rapides. Après quoi, c'est  sur les hommes qu'il tire et décoche sa flèche aiguë; et les bûchers funèbres, sans relâche, brûlent par centaines. Neufs jours durant, les traits du dieu s'envolent ainsi à travers l'armée." 

Il est aussi parfois d'une cruauté inhumaine, par exemple, quand il écorche et dépèce un berger qui a eu l'outrecuidance de le défier dans un concours de la lyre. Le dieu l'emporte mais son châtiment est impitoyable.

 

3. Le dieu de la lumière

  Enfin c'est un dieu solaire, son épithète Phoebos signifie le "brillant". Il est le dieu éternellement jeune de la lumière ( méditerranéenne grecque ). Dans ses attributs tardifs, Phoebos Apollon est le dieu des arts, de la beauté, de l'harmonie, de la médecine, de la mesure, de la musique, de la danse, des sciences, de la purification et de la poésie. Il inspire l'enthousiasme au poète qu'il foudroie, lui déliant la langue pour chanter la splendeur du monde et des présences divines. Il est fondateur et protecteur de villes, de cités ( ex: Chrysé, Cilla ou encore Ténédos ). Il a séjourné sur Terre étant berger, gardant des troupeaux dans les pâturages des monts et des vallées, jouant de la lyre et exerçant le chant. Mais quand l'hiver approche, le dieu entreprend le voyage vers l'Hyperborée, pays fabuleux à l'extrême septentrion, pays des bienheureux qui vivent une vie de joie et de tranquillité supérieure, surhumaine. 

 

Phoebos Apollon, brillant et Dionysos, dieu de la vigne et de l'ivresse, obscur, sont connectés et reliés par une trame profonde malgré le contraste apparent. Ils inspirent en tant que dieux médiateurs entre les immortels et les mortels une chose sacrée : la mania, la folie divine. Phoebos Apollon frappe d'une extase lumineuse, une connaissance de toute chose, la manière la plus haute d'appartenir au cosmos pour les grecs, la vie suprême. Dionysos lui, par le fruit et le vin obscur de la vigne inspire le déchaînement mystérique de ce qui est plus initial que les passions : le fantasme fondamental d'être d'individus, d'un peuple, d'une civilisation anéantissant son individuation. Ainsi l'individu, le peuple dans le transport bachique appartiennent complètement à la physis, la nature au delà du mensonge des moeurs de la cité, de la vie sociale. Ils communient cosmologiquement. Songeons aux femmes, les bacchantes, déchaînées par le dieu, dépeçant les chevreaux dans les montagnes et mangeant leur chair crue en compagnie de satyres. Le brillant et l'obscur, deux aspects d'un même monde.

 

 

                                                                                                                                          Vlad

 

Giorgio Colli : "La naissance de la philosophie"

Mythologie en tics

Mythologie grec : Apollon

Les Hymnes homériques

 

 

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 19:27

Contes-Palestinien.jpg

 

 

Ils peuvent être merveilleux, facétieux, de ritournelle - le joli mot! - ou encore licencieux. Ils s'adressent aux enfants, aux adultes, sont thérapeutiques - parfois, pédagogiques - toujours, ils émerveillent, effraient, mettent en garde, qu'ils soient de Grimm, de Perrault ou d'ailleurs, vous l'avez compris, il s'agit du conte. Des contes. Aujourd'hui plus particulièrement, il s'agit de l'un d'entre eux, qui nous vient de Palestine et qui s'inscrit dans la tradition populaire. Traduit et sélectionné par Praline Gay-Para, conteuse et auteur, dans un recueil édité chez Babel "Contes Populaires de Palestine" voici l'histoire d'Hassan le rusé:

 

Emelyne.

 

 

Contes-populaires-palestiniens.jpgIl était une fois, un roi qui n'avait qu'une fille: belle comme le matin, elle était son seul enfant et il l'aimait plus que lui-même. Il rêvait de la marier à un prince beau et courageux, qui serait digne d'elle. Un jour, il rassembla les princes de tous les pays, les présenta devant son unique fille adorée: elle les refusa tous. Fou de rage, le roi lui demanda la raison de son caprice et sa fille lui avoua qu'elle aimait déjà. Elle aimait Hassan, un homme du peuple, beau et courageux, bon et aimable, mais un homme du peuple et qui n'avait pas de sang royal. Le roi fut tourmenté par la confidence de sa fille toute la nuit: il ne pouvait pas lui donner pour époux un homme du peuple mais en aucun cas il ne voulait provoquer le désarroi de sa fille unique et adorée. Il convonqua son vizir, qu'il considérait comme l'homme le plus rusé du royaume et lui demanda de trouver le moyen d'éloigner Hassan de la princesse sans provoquer sa colère ou sa peine. Le vizir réfléchit, sourit et finit par répondre:

- Nous allons préparer une fête et y inviter tous les gens du royaume. Hassan y sera convié aussi. Lorsqu'il se présentera, nous lui dirons : "Jeune homme, nous savons que tu aimes la princesse, voici deux papiers, sur l'un est écrit le mot VIE, sur l'autre, le mot MORT. Si tu choisis le bout de papier sur lequel est écrit VIE, tu pourras épouser la princesse. Si tu choisis celui où est inscrit MORT, tu mourras ainsi qu'en a décidé le sort."

Le roi écouta attentivement son vizir, réfléchit, et demanda:

- Et s'il choisit le papier sur lequel est écrit VIE? Je ne saurais me résoudre à donner ma seule fille adorée à un homme du peuple!

- Sois tranquille: nous écrirons le mot MORT sur les deux bouts de papier...

La fête fut annoncée et préparée et tous les gens du royaume furent conviés. Hassan reçut également son invitation, et se présenta au palais, le coeur en joie. C'est alors que le roi entama son discours:

- Je suis un grand roi, bon et équitable et je sais que ce jeune homme, Hassan, aime ma seule fille adorée et qu'il en est aimé en retour. Chers amis, mon peuple, je vais lui proposer une épreuve : dans cette boîte, se trouvent deux papiers pliés. S'il choisit le papier où est écrit VIE, il pourra épouser la princesse, s'il tire le mot MORT, il mourra mais il aura lui-même scellé son destin. 

Les invités acclamèrent leur roi et Hassan, souriant et confiant, s'approcha de la boîte. Il choisit un bout de papier plié et l'avala devant l'assemblée incrédule. Le roi et le vizir exigèrent des explications, Hassan leur répondit:

- J'ai avalé le papier sur lequel est marqué mon destin. Il suffit de déplier celui qui reste pour en déduire ce qui m'est réservé.

Le vizir, retenant sa rage, s'exécuta sous les yeux de tout le royaume qui retenait son souffle et déplia le papier restant, il lut à voix haute et tous purent entendre : "MORT". Hassan, victorieux, s'écria:

- Ce qui signifie que j'ai tiré le mot VIE!

Les invités se réjouirent et crièrent "Vive Hassan, notre nouveau roi!", Le roi dut lui céder sa fille unique et adorée dont le bonheur était immense et le vizir fut renvoyé du palais.

L'oiseau s'est envolé et je vous souhaite une bonne soirée.

 

 

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 17:47

Oedipe.JPG

 

 

C'est une expression qui s'est vulgarisée: "Il est en plein Oedipe, ce petit...", voilà que le petit en question, si câlin avec maman et en pleine rébellion contre papa est aussi facilement psychanalysé par madame Godat, voisine altruiste et dont la culture sert à tartiner les longs après-midi passés, entre la rentrée et la sortie des classes, avec cette pauvre maman exaspérée par la conduite de son fils chéri... Soyons sérieux, l'expression, bien qu'elle se soit effectivement vulgarisée, a sa raison d'être et elle la tient de la psychanalyse, oui - bravo madame Godat! - mais surtout de la mythologie grecque...

Et comme il vous plaît de connaître l'origine et l'essence des expressions que vous utilisez, faisons un point sur le roi Oedipe:

 

Oedipe-et-antigone.jpgFils de Laïos et Jocaste, souverains de Thèbes, Oedipe est promis, avant sa naissance, à un avenir funeste. Parricide et inceste, telles sont les prédictions de l'oracle de Delphes consulté par les parents d'Oedipe avant qu'il ne vienne au monde: ce dernier va tuer son père et épouser sa mère. Lorsqu'Oedipe nait, effrayés par de tels présages, ses parents décident de l'abandonner, pieds liés par une corde qui laisse des traces auxquelles il doit son nom: Oedipe étant "celui qui a les pieds enflés". Recueilli par un couple de bergers, par le roi de Corinthe ensuite, Polybe, qui s'attache à lui et l'élève comme son propre enfant, Oedipe finit par apprendre quelle est la malédiction qui pèse sur lui et décide de quitter Corinthe pour épargner ceux qu'il prend pour ses parents du malheur que l'Oracle lui a annoncé. En chemin il croise un homme et quelques uns de ses serviteurs. Il le tue, persuadé qu'il s'agit d'une bande de voleurs, en réalité Oedipe vient d'assassiner Laïos...

Lorsqu'il arrive à Thèbes, le successeur de Laïos, son beau-frère Créon - dont le fils vient d'être dévoré par le Sphinx - promet la souveraineté du royaume et la main de sa soeur Jocaste à quiconque saura défier le sphinx et résoudre son énigme.. En effet, le Sphinx - installé sur les remparts de Thèbes - dévorent tous ceux qui passent devant lui et ne peuvent résoudre ses énigmes. Oedipe se présente et à l'énigme "Quel être, pourvu d'une seule voix, a d'abord quatre jambes, puis deux jambes  et finalement trois jambes?", il répond : "L'homme, car dans sa prime enfance il se traîne sur ses pieds et ses mains, à l'âge adulte il se tient debout sur ses jambes, et dans sa vieillesse, il s'aide d'un bâton pour marcher." Le Sphinx vaincu se jette du haut de son rocher et meurt. Oedipe devient roi de Thèbes et épouse Jocaste... Sa mère. Dans l'ignorance pendant des années, le couple vit heureux et donne naissance à quatre enfants: Etéocle, Polynice, Antigone et Ismène.

Jusqu'à ce qu'une épidémie de peste contamine le royaume. L'oracle de Delphes est consulté et annonce que l'épidémie durera tant que le meurtrier de Laïos ne sera pas jeté hors de la ville. Oedipe se met en quête de trouver l'assassin et finit par découvrir le secret de sa naissance et le parricide qu'il a commis lui-même quelques années plus tôt. Jocaste se suicide en apprenant qu'elle a finalement épousé son fils et lui a donné quatre enfants incestueux. Oedipe, fou de désespoir et de culpabilité se crève les yeux avant de renoncer à sa royauté et d'être chassé de Thèbes. Il errera, des années durant, aveugle et guidé par sa fille Antigone, avant de mourir, non loin d'Athènes...

Emelyne

 

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 19:35

Sisyphe-baniere.jpg

 

 

 

« Il roule sa pierre », même si vous n’avez qu’une vague idée de ce que veut dire cette formule, si l’un de vos amis, à propos d’un tiers, l’utilise, vous comprendrez instantanément que l’intéressé rencontre des difficultés et s’accommode au mieux de ces dernières. Il roule sa pierre, autrement dit il porte sa croix, mais chaque expression en son temps…

Et comme il vous plait de connaître les étymologies des petites expressions chargées de sens que vous utilisez, allons faire un tour du côté de la mythologie grecque :

 


Sisyphe

Sisyphe, fils d'Éole, est le fondateur mythique de Corinthe. Son ascendance et sa descendance sont citées dans l'Iliade. Pour avoir osé défier les dieux, il fut envoyé aux Enfers et fut condamné à faire rouler éternellement, dans le Tartare, une énorme roche ronde jusqu’en haut d’une montagne. Parvenue au sommet, la roche, sous l’effet de la gravité, redescendait jusqu’au pied de la montagne, et Sisyphe devait recommencer cette tâche harassante, inlassablement.

Le mythe de Sisyphe connaît de nombreuses interprétations, dont, pour la plus connue, celle de Camus qui en fait l’allégorie de l’absurdité de l’existence. En effet, tous condamnés à rouler nos pierres indéfiniment, il existe une porte de sortie : le bonheur, car rien n’empêche Sisyphe, durant le court instant où il s’approche de son but, en haut de la colline, de s’en réjouir…

 

Emelyne

 

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 19:27

Ariane-thesee-baniere.jpg

 

 

Quand il s'agit de faire appel à l'aide d'un proche pour se sortir d'une grande difficulté, de se creuser douloureusement les méninges pour essayer de trouver une issue à une situation complexe, on le dit, avec gratitude : "il (elle) -cet(te) ami(e) ou proche dévoué(e)- a été mon fil d'Ariane dans cette situation, sans lui(elle) je n'aurais pas su comment faire...

Ce fil, que l'on suit aveuglément, quand l'on se sent démuni et que l'on n'est plus capable de s'aider soi-même, d'où vient-il? Evidemment, il ne s'agit pas de dérouler une bobine de fil à coudre et tout le monde sait qu'il s'agit d'une image pour parler de la raison, celle qui conduit à la solution et qui nous vient (souvent) de l'extérieur.

Mais comme il vous plaît de connaître les étymologies des expressions usuelles que vous utilisez, allons faire un tour du côté de la mythologie grecque (oui, encore...).  

 

Emelyne

 

 

ariane théséePasiphaé, mère d’Ariane et reine de Crête, avait engendré un monstre, le Minotaure, suite à ses amours contre nature avec le taureau d’Apollon.

 Quand naquit le Minotaure, Minos - époux légitime de Pasiphaé - ne le tua pas. Il ordonna à Dédale, le grand architecte et inventeur, d'édifier un lieu de réclusion d'où il serait impossible de s'enfuir, et Dédale construisit le Labyrinthe, devenu fameux dans le monde entier (cf Dedale et Icare). Une fois entré dans cet enchevêtrement de méandres, on n'en pouvait sortir. C'est là qu'étaient menés les jeunes Athéniens destinés à devenir les victimes du Minotaure. Ils n'avaient aucun moyen de lui échapper. Tel était le destin funeste promis aux quatorze jeunes Athéniens et Athéniennes quelques jours après l'arrivée de Thésée dans la cité : l'heure avait sonné d'une nouvelle livraison du tribut. 
 Aussitôt Thésée, fils du Roi Egée, se présenta et offrit de se ranger parmi les victimes. Tous apprécièrent sa générosité et admirèrent sa grandeur d'âme, mais personne ne soupçonna qu'il se proposait de tuer le Minotaure. Cependant, il confia son intention à son père et lui promit, en cas de réussite, de changer en voile blanche la voile noire que l'on hissait toujours sur le bateau transportant la lamentable cargaison ; ainsi Egée apprendrait bien avant qu'il ne touche terre que son fils lui revenait sain et sauf. 

 Quand ils débarquèrent en Crète et avant d'être menés au Labyrinthe, les jeunes Athéniens durent défiler devant les habitants de l'île. Ariane, la fille de  Minos, se trouvait parmi les spectateurs ; elle vit passer Thésée et s'en éprit à première vue.

Elle fit venir Dédale et lui demanda de lui indiquer un moyen de sortir du Labyrinthe ; puis elle envoya chercher Thésée ; elle lui dit qu'elle assurerait sa fuite à la condition qu'il lui promette de l'emmener avec lui à Athènes pour l'épouser. On se doute qu'il ne fit aucune difficulté pour y consentir ; alors elle lui donna ce qu'elle avait reçu de Dédale, un peloton de fil qu'il devait attacher par une extrémité à l'intérieur de la porte et dérouler au fur et à mesure de son avance dans le labyrinthe. Ce qu'il fit, et désormais assuré de pouvoir retourner sur ses pas, il partit hardiment à la recherche du Minotaure. Le monstre dormait quand il le trouva ; Thésée s'élança l'épée levée et le cloua au sol ; alors, avec ses poings - il n'avait plus d'autre arme - il martela la bête à mort.

Quand Thésée se redressa après ce combat terrifiant, le peloton de fil était encore où il l'avait laissé tomber- il ne lui restait plus qu'à reprendre le chemin de la sortie. Les autres suivirent, et emmenant Ariane avec eux, ils coururent au bateau qui revint à Athènes après avoir traversé la mer. En cours de route, ils firent halte dans l'île de Naxos et ce qu'il advint alors nous est relaté avec quelques variantes:

Un récit veut que Thésée y ait abandonné Ariane.  Elle dormait et il en aurait profité pour reprendre la mer, sans elle. Dionysos l'aurait alors rencontrée et consolée. L'autre version est beaucoup plus favorable à Thésée. Ariane souffrant d'un violent mal de mer, le héros la fit déposer à terre pour qu'elle y prît un court repos tandis que lui-même remontait à bord pour y vaquer à quelque tâche urgente. Un vent de tempête entraîna le navire au large, l'y retenant longtemps. A son retour, le héros apprit qu'Ariane avait succombé et il en fut grandement affligé. 

 Les deux versions conviennent qu'il oublia de hisser la voile blanche en approchant d'Athènes ; peut-être sa joie du succès de son voyage avait-elle chassé toute autre pensée de son esprit, ou encore son chagrin d'avoir perdu Ariane. Quoi qu'il en soit, la voile noire resta fixée au mât et de l'Acropole où depuis des jours il s'abîmait les yeux à observer la mer, son père l'aperçut. C'était pour lui le signe de la mort de son fils ; du haut d'un rocher il se précipita dans les flots et mourut. Et depuis lors la mer dans laquelle il tomba porte son nom, Egée.

 

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 20:05

labyrinthe-vert.jpg

 

Si votre bien aimé(e), perdant patience au volant de votre vieille voiture depuis plus de trois quarts d'heure, alors que vous cherchez désespérément où se trouve la résidence de Sarah et Benoît, au milieu de ce lotissement déprimant où toutes les maisons se ressemblent et alors que vous avez déjà tourné "à droite, puis à gauche puis tout de suite à gauche" pour la dixième fois, si, donc, frolant la crise de nerf il (elle) s'écrie : "Quel dédale ce foutu quartier!" vous comprendrez bien entendu immédiatement que l'élu(e) de votre coeur fait allusion à l'aspect labyrinthique dudit quartier dans lequel vous tournez en rond.

Bien entendu vous comprendrez, mais comme il vous plaît de connaître les étymologies des mots que vous employez, je vous propose de regarder du côté de la mythologie, une fois de plus...

Emelyne

jpg Rubens Chure d Icare 1636

Dédale, dans la mythologie grecque, est un architecte, sculpteur et inventeur athénien légendaire, qui réalisa pour le roi Minos de Crète le labyrinthe dans lequel fut enfermé le Minotaure, un monstre mangeur d'hommes, moitié homme, moitié taureau. Le labyrinthe était construit de telle manière que personne ne pouvait s'en échapper ou échapper au Minotaure. Dédale ne révéla le secret du labyrinthe qu'à Ariane, fille de Minos, qui aida ensuite son amant, le héros athénien Thésée, à tuer le monstre et à s'échapper. Mis en rage par cette fuite, Minos enferma Dédale et son fils Icare dans le labyrinthe. Les prisonniers ne trouvèrent pas la sortie, mais Dédale fabriqua des ailes de plumes et de cire pour qu'ils quittent le labyrinthe en s'envolant. S'approchant trop du soleil, les ailes d'Icare fondirent et il se noya dans la mer. Dédale vola jusqu'en Sicile, où il fut accueilli par le roi Cocalos. Minos poursuivit Dédale mais fut tué par les filles de Cocalos. 

 

 

 

 

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